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Conférence diaporama « Exploit en Himalaya »

  • Nicole Niquille, ancienne guide de montagne, est tombée amoureuse de la ré-gion népalaise du Solu Khumbu, où elle a créé un hôpital.

  • ’Imérien Vincent Scheidegger a versé 120 000 fr. à la Fondation Nicole Niquille, glanés lors de son périple l’ayant mené aux camps de base des 14 sommets de plus de 8000 m de la planète.

  • Les deux aventuriers donneront une conférence, jeudi prochain, à SaintImier.

  • A Bulle, dans sa Gruyère natale, Nicole Niquille parle de son aventure népalaise et prouve que lorsque les jambes ne répondent plus, le cœur, l’âme et l’amitié prennent la relève.

– Nicole Niquille, comment avez-vous rencontré le Népal,ses montagnes et ses habitants?
– Je m’y suis rendue pour la première fois en 1987, à l’époque pour emmener des clients sur des sommets du Solu Khumbu, la région de l’Everest. J’y ai notamment connu Ang Gelu Sherpa, qui a ensuite travaillé durant cinq ans
dans la cuisine du restaurant que mon mari et moi tenions jusqu’à cet automne au lac de Tanay.

– Quel rôle a tenu Ang Gelu Sherpa dans votre vie et votre histoire avec le Népal?
– Ang Gelu est le frère de Pasang Lhamu Sherpa, une grande dame qui a été la première Népalaise à atteindre le sommet de l’Everest, à sa 4 e tentative, le 22 avril 1993. En redescendant, elle a perdu la vie, surprise par une tempête, laissant un mari et trois orphelins. Son exploit lui a alors valu d’être honorée par le roi du Népal. On lui a érigé une statue près du stupa de Bodnath, à Katmandou. Elle a un timbre à son effigie. En gravissant le toit du monde, elle a incarné la lutte pour l’amélioration du sort des femmes et des enfants du Népal.

– Peut-on parler d’une histoire parallèle à la vôtre?

– Nous aurions pu nous rencontrer. En 1986, Pasang Lhamu tentait l’ascension de l’Everest par le versant népalais. Je participais moi-même simultanément à une expédition à l’Everest, mais par le nord, du côté tibétain.

– A part cette tentative à l’Everest, vous êtes-vous frottée à d’autres géants parmi les sommets himalayens?

– Je suis devenue la premiè-re femme à avoir atteint les 8000 m. J’ai notamment franchi cette barre mythique sur les flancs du K2, sans toutefois en atteindre le sommet. Toujours au Pakistan, j’ai aussi gravi le Gasherbrum II, culminant à 8035 m.

– Votre accident a mis un terme à votre carrière d’alpiniste, mais pas à votre amitié avec le Solu Khumbu. Comment les choses se sont-elles passées?

– Après l’accident, il m’a fallu expliquer à mes amis népalais que je ne pourrais plus me déplacer. Ils m’ont répondu qu’ils pourraient me porter sans souci et j’ai dû leur faire comprendre qu’il faudrait me porter en permanence. Mes liens avec cette région étaient cependant les plus forts. Mon mari, Marco Vuadens, et moi avons décidé en 2002 de faire quelque chose pour le Népal. Il fallait voir quoi et où.

– Sur quels critères avezvous opéré ce choix?
– Nous avons opté pour un hôpital plutôt qu’un orphelinat ou un dispensaire. Et nous avons souhaité l’implanter à Lukla, sachant que de nombreux touristes y amènent leurs devises étrangères. Le village est de plus desservi par
un aéroport et les prochains centres médicaux se situent à 3 jours de marche, tant vers le bas de la vallée que vers le haut.

– Comment s’est passé votre rencontre avec Vincent Scheidegger?
– Un ami commun nous a mis en relation. Il m’avait dit que Vincent était prêt à courir pour la fondation. Nous nous sommes rencontrés et nous avons su nous entendre.

– Quel regard portez-voussur ce qu’il a accompli?
– Je suis admirative. Physiquement, l’exploit est de taille et requiert une discipline de fer. En tant que montagnarde, je pense toutefois que le défi majeur s’est avéré mental. Une cloque reste beaucoup plus difficile à soigner lorsqu’elle touche le cerveau. Je suis persuadée que si Vincent a été capable d’aller jusqu’au bout, c’est qu’il gardait l’objectif de l’hôpital à l’esprit.

– Que ferez-vous des 120 000 fr. que Vincent a collectés pour vous?

– Ils nous permettent déjà de pallier l’augmentation des coûts de gestion annuels de l’hôpital. Nous utiliserons surtout cette manne pour organiser des camps médicaux à Lukla, avec la venue d’orthopé-distes, d’ophtalmologues ou
d’autres spécialistes de Katmandou. Par ailleurs, nous venons d’ouvrir un cabinet dentaire et nous lançons un appel aux dentistes qui voudraient exercer à Lukla. Les Jurassiens sont les bienvenus!

Propos recueillis par ARNAUD BERNARDIN

• Conférence diaporama «Exploits en Himalaya», par Nicole Niquille et Vincent Scheidegger, jeudi 27 mai, à 19 h 30, à la salle de spectacles de Saint-Imier, animée par l’écrivain et journaliste Thierry Luterbacher.
 
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